lundi 8 juin 2009

Connaissez vous Guillaume Musso ?

Guillaume Musso décore les stations de métro placardé partout format géant. Comme si le taux d’abstention aux élections européennes, la crise, la grippe porcine, la faim dans le monde, le temps pourri, la grève du RER A et le SIDA ne suffisaient pas pour nous déprimer, sa grosse figure commune et son air de jeune diplômé enrobé coincé dans sa chemise mal coupée s’affichent partout où nos yeux peuvent se poser. Pas d’échappatoire. On le saura, qu’il a pondu un nouveau bouquin !

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Musso c’est du bon sentiment jusqu’à la nausée. Histoire de faire croire à ceux qui détestent lire, et encore plus la Littérature, qu’ils aiment ça.
Sur l’affiche, après avoir savouré sa physionomie qu’il n’est pas évident de croiser sans avoir tout de suite envie de retourner se coucher sous sa couette, on découvre en énorme typo le titre intrigant et plein d’avant gardisme, « Que serais-je sans toi ? ». Et là, on y est ! On touche au grand art, à la révolution de l’écriture, que dis-je à une recherche déterminée et complexe, à un vrai regard d’artiste engagé. « Que serais-je sans toi ? », titre que malheureusement pour moi, que j’avais destiné à la nouvelle que je consacre à mon amour inconditionnel pour le MC DO les lendemains de cuite : « Que serais-je sans toi ? ».

Le pitch : « Elle a deux hommes dans sa vie. L’un est son père, l’autre son amant. Chacun des deux veut tuer l’autre et Gabrielle doit choisir. . Nous nous interrogeons alors, pleins d’angoisses nous, oh combien simples petits mortels que nous sommes, à qui il n’arrive jamais ce genre de chose : MAIS COMMENT VA S’EN SORTIR MON HOMONYME BIEN EMBETEE ? PAUVRE, GABRIELLE. Enfin, vous ce n’est pas votre homonyme, mais moi, je me dis ça, pauvre Gabrielle. Que va t-elle pouvoir faire dans cette sous tragédie grèque… Je me dis aussi qu’un nombre terrible de Gabrielle vont voir le jour lorsque toutes les ménagères de moins de 50 ans et plus et tous les hommes qui ont lu et aimé Da Vinci Code vont se reproduire. Parce que je suis prête à parier qu’on a à faire à peu près aux même lecteurs. (Attention, j’ai des amis très intelligents et raffinés qui ont lu et aimé Da Vinci code, et j’aimerais que ceux là ne me fassent pas la gueule. Je ne mets pas TOUS les lecteurs de Musso et Da Vinci Code dans le même panier. Tout le monde a ses faiblesses moi la première. Par exemple, j’ai déjà lu (et aimé) … non, j’ai pas d’exemple…

Quand Guillaume Musso écrit un livre, il cherche, se demande, s’introspectionne, se concerte avec lui-même et s’interroge :
- Qu’est-ce qui serait pire ? Une fille amoureuse de 2 frères et qui finirait sa vie avec son cousin germain ? Un homme qui tomberait amoureux de la soeur de sa femme ? Une fille qui tomberait amoureuse de la maîtresse de sa soeur ? Une femme qui tomberait amoureuse du mec de la fille de son amant… ah, déjà fait ça… Cf Justine Lévy qui d’après des rumeurs auxquelles je ne prête pas foi, parlait de ... Mais nous nous égarons.
Ma théorie, c’est que ce qui fait le succès inconditionnel de Musso, c’est qu’il commence à l’envers. Mais oui, évidemment ! Il commence d’abord par chercher un résumé. Le résumé du best seller. Et après il complète en écrivant son livre. En fait, chez Musso, tout dépend du résumé, en gros.

Alors voyons, essayons cette technique, …Bon, par exemple ça donnerait un truc qui pourrait être : Suzanne et son père sont pris en otage par un fou méchant et … fou. Le fou oblige Suzanne à choisir si elle préfère qu’il tue son père ou le petit garçon blond qui passe dans la rue…Que va faire Suzanne ?!?

Et après, reste plus qu’à trouver un titre qui pète, genre « « Le choix de Suzanne » et le tour est joué.

Justement, les titres chez Musso, c’est toute une histoire. Mais avant tout Et Après…Non, « Et après », ce n’est pas moi qui le dis, c’est lui, Mussot, c’est le nom du premier de ses bouquins. « Et après »… Et c’est pas fini « Et après » a été suivi de « Sauve-moi », « Seras-tu là », « Parce que je t'aime », « Que serais-je sans toi ? », « Et si c’était vrai ? » A pardon, « Si c’était vrai », « Où es tu », « La prochaine fois » et « Vous revoir », c’est de Marc Lévy. Marc Lévy est le pseudonyme sous lequel travaillait Musso avant. Non mais c’est évident ! Ca se voit comme une photo 4 par 3 De Musso station Opéra. C’est le même mec, réveillez vous ! Preuve : la technique pour trouver les titres est identique dans les 2 cas, c’est à dire, noter toutes les questions qu’on se pose au quotidien, et en faire un titre. Ce qui permet de pondre énormément de titres par jour !

« Seras-tu là à 19 heures, pour le rôti ? », « Tu me manques sans toi », « Sauve moi, j’ai perdu mes clefs » » ; « Où es-tu ? », qui porte sur l’absurdité des conversations au portable : « Où es-tu je ne te vois pas ? Ah, ça y est je te vois... »; La prochaine fois que t’es en retard, je ne t’attends plus ( là, ça fait 2 les titres : Tome I , « La prochaine fois », et celui du TOME II : « Je ne t’attends plus ») , « Depuis mon rhume, je reste sans voix », « Depuis toi, j’ai pris le bus », « Si je t’aime moi non plus », etc, etc..

Quand on pense qu’en permanence 1200 auteurs scénaristes travaillent à écrire du Lévy et Musso, enfermés dans une cave payés au SMIC et qu’en réalité, ces 2 mecs qui n’en sont qu’un n’existent pas, je me dis « Et si c’était vrai… »

1 commentaire:

leblase a dit…

Ouhla , mais heureusement que tu m'as donné l'alerte!
Je rigole: jamais je n'aurais pu acheter du Musso, mai sl'analogie avec Levy est très pertinente.