dimanche 31 janvier 2010

Tu te rappelles pas de moi?? Ben, comment te dire...NON

Il peut arriver d’oublier totalement une personne qu’on connaît vraisemblablement bien, et de tomber sur elle par un hasard heureux de vous rendre malheureux, au coin d'une soirée Parisienne. Il peut arriver qu'innocemment et poliment, en la croisant, vous la saluiez

- Bonsoir. Enchantée, Gabrielle

Et qu’elle vous réponde, absolument ravie, apparemment, de vous revoir :

- Hey !! Tu me reconnais pas ?…
avec un sourire Barry White et un point d’interrogation qui dit qu’il va falloir que vous vous rappeliez d’elle fissa ou que ça va vous mettre dans un embarras que qualifier d'excessivement désagréable est encore très faible par rapport à la réalité très sombre qui se dessine pour vous qui passiez jusqu'alors une excellente soirée, petit malin.

Alors vous prenez un air intelligent et mimez celui qui sait, qui a tout compris et termine grand gagnant au jeu du « devine qui je suis ou t’auras vraiment l’air d’un con ».

Mais pas de pot ! Ça devient pire encore quand la dite personne, d’un air satisfait exaspérant, vous donne un indice qui vous plonge dans un abîme de perplexité situé entre le gênant, le désagréable, le trou noir et le « ce mec commence vraiment à me faire chier »,

- La bibliothèque Nationale François Mitterand !!!!
- ?!? !!!

Là, vous êtes acculé. Impossible de bluffer, il faut cracher le morceau

- Euh, oui, j’y allais pour bosser mes partiels… mais…

Le "mais" est sorti, et ça suffit pas, le con vous rétorque
- Et… ????
AH mais il est horrible ce « Et… ???? ».

Et rien ! Et je t’ai oublié, voilà. Je crois que c’est clair ! J’EN SAIS RIEN. Que dalle. Flou pas artistique. Approximation maximale. Abscisse pas ordonnée. Absence. Parti sans laisser d’adresse. Niiiiiiiiiiiiiit. Encéphalogramme plat, négatif, moins 34589, suicide collectif, tous aux abris, c’est la panique, PLONGEZZZZZZZZZZZ. Vous répondez en miroir, c'est comme aux échecs, ça fait gagner du temps

- Et… ?????
- Ben….Antoine !!!!!

A ce stade, l’évocation de ce prénom ne sert pas à grand chose, si ce n’est alerter « Antoine » sur le fait que vous êtes totalement largué là. Et merde, ça y est, « Antoine » est vexé.

- Tu étais en droit...

Oui, ça ne vous aide pas vraiment qu’ »Antoine », si fier de sa mémoire précise, vous rappelle ce que vous savez très bien puisque c’est de vous qu’on parle là.

Vous répondez prudemment

- Oui….
- Tu révisais tes partiels…
- ...

Une mouche vole avec un ange qui passe en moonwalk et "Antoine" vous sauve enfin

- ... et on a eu une histoire !

Et là, ça y est ! Ce type pas très intello en chemise Hawaienne avec qui vous avez bu 1 ou 2 cafés en terrasse en vous bécotant vaguement pour tromper l’ennui du rattrapage de septembre et qui vous a « largué » par téléphone, ce type avec son visage poupin délicatement auréolé de bêtise vous revient soudain en mémoire. Et vous pouvez enfin hurler avec une joie non simulée et orgasmique

- ANTOIIIIINE

Et quand "Antoine" vous demande, avec l’obstination touchante des gens dont il n’y a pas que le visage qui est auréolé de bêtise

- tu ne m’aurais pas reconnu ?

Vous répondez évidement
- Mais siiiiiiiii !

Et tout le monde est content.

jeudi 28 janvier 2010

L'avenir est un con

Je marchais de bon matin, en avance pour aller à l’agence. Lavée fraichement, le cheveu chatoyant dans le timide soleil matinal, humant l’air froid avec le sentiment que cette journée à venir allait m’apporter un bonheur, une sérénité et la satisfaction inégalable du gai ouvrier après l’accomplissement du travail bien fait, tels les 7 nains chantonnant joyeusement « Hey Hi Hey ho, on rentre du boulot », la hache légèrement hissée sur leurs épaules heureuses après avoir tranché arbres, arbustes et doigts avec un bonheur sans nom.

Pressée déjà de me pencher sur cette nouvelle journée qui m’attendait je marchais donc avec la grace naturelle et envolée d’un personnage de publicité pour un yaourt bon pour le transit.

L’avenir m’attendait au coin du trottoir, gelé et marmonnant contre les filles qui ne tournent à l’angle du trottoir qu’à 9 heures 3 minutes alors qu’on se les caille. Oui, personne n’a jamais dit que l’avenir est une personne distinguée.

Je marchais ivre de la satisfaction donnée de vivre, de respirer, d’Etre en un mot quand mon regard bleu azur croise celui marron -crotte-de-chien-nourri-de-croquettes-spéciales-grand-canin-élevé-en-appartement, d’une femme apparemment plus proche de la sorcière aigrie par les gros vents successifs que blanche neige lui a tarté dans la tronche, que du bonheur psychédélique et communautaire des 7 petits nains colocataires et très certainement homosexuels du-dit compte.


Cette bonne femme trimballe de ses grosses mains rouges une énorme poussette. La vision d’un enfant en bas âge de bon matin me provoque des poussées violentes d’urticaire. Alors vous imaginez mon état de décomposition avancée devant celle d’un enfant en bas âge mené tambour battant par les doigts dodus et menaçants d’une femelle hystérique.

Qui me roule sur le pied avec sa poussette char d’assaut. Sans m’accorder un regard.

Et ouai, ce matin, je me suis fait littéralement écrasée sous le poids de la maternité.

Je boite.

Sale journée en perceptive.

Prenez la pilule plutôt deux fois qu’une mes amis. Et mangez des pommes.

- Ce texte n’est totalement pas destiné à certaines petites fées qui se trimballent très très très près de moi ces jours-ci, le ventre occupé et arborant un sourire de Joconde-.


mercredi 27 janvier 2010

Ca n'arrive pas qu'aux autres

Ça va mal!

Je vais mal!

Je déconne total. Je pète le fil dentaire. J’ai craqué l’allumette, j’ai rogné le haricot, j’ai une araignée dans de tiroir, tricoté les pissenlits par la racine, brûlé la peau de l’ours avant de l’avoir mangée. C’est la fin. L’abîme, le gouffre, la décrépitude, le néant, le Big Bang, la nuit après la lumière.

Mon dieu c’est HORRIBLE.

Ce qui m’arrive est abominable, injuste, innommable, atroce, insupportable, insurmontable.

AHHHHHHHHHHHHHHHHH

On dit toujours

- Ah, ça n’arrive qu’aux autres, moi, ça n’a AUCUNE chance de m’arriver.

- J’ai pas peur, je suis bien entouré, ma famille m’aime, j’ai des amis, des potes de soirée, je rentre partout, je fais la bise aux mecs qui passent dans Paris dernière, JE suis passé dans Paris dernière. Je suis PEI-NARD.Je suis quelqu'un quoi.

- Je prends mes précautions, même quand j'en ai pas envie. Je me force même parfois.

- Quand je me laisse aller, il y a toujours des gens pour me rappeler à l’ordre. Pour pas me laisser sombrer.

On croit TOUJOURS que ça n’arrive qu’aux autres.

Erreur.

On entend les rumeurs, des :

– Ah, tu sais pas, mais Machine blablabla
- Non !?!
- Si, j’assure. Ça s’est fait d’un coup. Et hop, plus rien.Ca fait un choc.

Flippant, mais on se sent à l'abris. On se dit "pas moi" ! "Impossible" !

Et ben, malheureusement, on est JAMAIS totalement protégé. Le mal est là, qui guette. Et une fois que vous êtes touché, c'est fini, foutu, terminé. Vous ne serez plus jamais le même. Vous, vos habitudes, vos potes, vous changez de vie, de visage, votre corps change. Vous êtes définitivement quelqu'un d'autre.

Et on a honte, on se sent sale.

On se sent souillé.

On se sent perdu.

J’ai choisi ce blog pour parler de mon problème, parce que je dois dépasser cette honte et que personne n’ose parler de ça.

Mes lecteurs adorés, mes amours, mes fidèles, j’ai le regret immense de vous annoncer que depuis quelques mois déjà….Non j’y arrive pas.

Bon, allez. J’y vais.

Ohhhh. C’est dur !

Putain de merde, je suis devenue SOBRE. Voilà.