mardi 20 octobre 2009

Ca serait comme ça

Il l'a fait !

Il l'a fait ?!?

Il l'a fait.

Il coupé le cadenas. Il a ouvert la porte par effraction. Nous avons montés les 332 marches jusqu’en haut de l’église fermée au public. Moi, avec un bandeau sur les yeux. Lui me guidant jusqu’au toit de l’église Saint Eustache. Il a défait mon bandeau. Et a patiemment attendu que je referme la mâchoire pour me tendre une coupe de champagne rosé frais dans un verre en cristal.

Puis, il a cherché quelque chose dans sa poche. Longtemps. Moi, j’ai bu ma coupe de champagne cul sec. Il m’en a servie une autre, puis une autre. Puis il a bu doucement sa coupe de champagne à lui. L’a terminée et l’a posée sur le sol frais.

Il m’a regardée dans les yeux. Qu’est-ce qu’il était beau dans la lumière de la lune ! Il a alors sorti un petit papier d’on ne sait où, et les larmes aux yeux, il m’a lu ce qu’il y avait écrit avec une voix. Si. Tellement. Ouh…

- C’est peut être la chose la plus dure et la plus facile à dire de toute ma vie. Je ne plus attendre. Pas une minute, pas un jour, pas une seconde de plus, ou je crois que j’en mourrai. C’est maintenant où jamais. Ma vie va changer, ta vie, notre vie va changer pour toujours. J’ai mis des semaines à écrire ce tout petit papier que je tiens dans ma main. J’ai trop souffert, et toi aussi. Beaucoup trop. Mais maintenant c’est fini. Terminé. Oublié. Et si tu me dis « non », je saute ! Je t’ai amenée ici rien que pour ça. Je te promets que je saute dans le vide, je saute de ce toit, du haut de cette église, et je vais me fracasser le crane en bas juste devant toi si tu prononce ces trois lettres NON. Attention, hein. Tu réfléchis bien parce qu’après, je ne supporterai pas que tu reviennes en arrière. Jamais. Alors, acceptes-tu... Pfffffffffffff… Acceptes tu, de ne plus JAMAIS faire la cuisine ? »

Jack Bauer ? It's me

Avant, j’étais systématiquement en retard. Ma vie c’était un épisode de 24 heures chrono sans les pauses pub.

Je croyais en une DVNI, Divinité Valable Non Identifiée. J’y pensais quand je me trouvais à cavaler sur escarpins hauts dans le couloir infini d’une correspondance de métro. Je me disais que même si j’étais partie en retard, cette divinité au dessus de tout, au dessous de nous, au dessus de moi pauvre femme sur talons à hauteur indécente, au dessus du temps, ferait un miracle rien que pour ma pomme et se débrouillerait pour que hop, en un claquement de doigts divins, une demi heure de temps disparaisse loin dans l’espace et que j’arrive à l’heure. Je l’implorais en courant comme si ma vie en dépendait.

Je ratais ma correspondance et là, mon cœur s’emballait. Je sentais une sueur froide atroce couler le long de ma colonne vertébrale et attendais l’arrivée du métro d’après comme si l’avenir économique mondial en dépendait. Comme Jack Bauer je répétais telle une maniaque, mille fois mon excuse :

- J’allais partir quand un cambriolage a eu lieu dans l’immeuble. La police était là et personne n’a eu le droit de sortir durant 15 minutes. Et mon téléphone captait pas.

- Horrible, une copine vient de trouver son mec avec sa demoiselle d’honneur…je pouvais pas raccrocher.

- J’ai croisé mon ancien grand amoour. Tu sais, Arthur. Il a commencé à me raconter qu’il pensait souvent à moi, que je lui manquais atrocement, qu'il avait gaché sa vie en me perdant, alors impossible de filer tu comprends…

Puis je prenais la mauvaise sortie de métro. L’horreur. Ma vie au ralenti. Les meilleurs moments qui défilent devant mes yeux avec des taches blanches dedans parce que j’ai beaucoup trop couru. Puis ma cheville qui se tord en un craquement épouvantable. J’ai mal, je boite, mais je continue quand même.

Là, essoufflée, décoiffée, les joues rouges, j’arrivais enfin, à bout de nerfs, de forces, de douleur, le corps souffreteux comme si on m’avait battue, et je m’écroulais au pied de la personne avec qui j’avais rendez-vous, sur mon siège dans la salle d’examen, devant un directeur de casting, face à mes parents furieux déjà assis à table, et là, en un dernier souffle, je distillais les ultimes mots de courage, tel le Héros condamné à une mort lente et douloureuse, mais qui l’affronte, avec fierté et honneur :

- Jamais je n’aurai de montre, vous m’entendez ? JAMAIS !





samedi 17 octobre 2009

objectif : devenir un bloggeur influent

-Gaby, écris plus, et tu verras, ton taux de visite va exploser !

- Mais je ne veux pas que quoique ce soit explose moi ! Je suis pacifiste moi ! J'écris dans mon coin coin, quand je peux. J'essaie de terminer un roman, (oui, j'en parle souvent en ce moment, mais c'est normal, je suis obsessionnelle). J'ai un travail à horaires fixes pour lequel je suis payée à faire des trucs. Et les trucs, ça prend du temps... Et comme ça, mon blog renvoie la véritable image de moi : rare, et donc précieux. CQFD. Si vous trouvez qu'il n'y a pas assez de post, faites vous un best of et relisez les tous les jours. Et puis c'est tout.

- Gaby, t'es qu'une feignante.

- D'abord il est moche ce mot. Et puis non, c'est pas ça du tout.. Mais franchement, qu'est-ce que je peux trouver à raconter TOUS les jours ? L'actualité on la commente déjà assez sur twitter et je suis pas journaliste.

- C'est quoi touitteure ?

- On s'en fout. Par exemple, en ce moment je lis Murakami. J'adore mais qui a envie de lire des trucs sur Murakami pendant se pause ?



Je ne vous traite pas d'incultes, mais vous voyez ?

- Ben écris sur ta vie alors : les gens aiment ça. Quand tu racontes le métro, les rendez-vous avec les cons, les cons quoi.

- En ce moment, il m'arrive rien ! Rien. J'ai même pas de cons dans ma vie : je vais à des anniversaires surprises et tout le monde est content de se voir. Mes amis sont amoureux, ils ne se trompent pas. Ils sont gentils en ce moment. Qu'est-ce que je peux raconter moi ?

- Le sexe ! Le sexe ça fait vendre.

- Ah... si je décris comment je suis habillée là, peut-être....

- Ben oui, c'est bien ça !

- Bon, je porte un bas de pyjama en pilou pilou noir. Avec un débardeur blanc en coton. Trop grand. Et des chaussettes vertes. Et un gros pull en laine. Et j'ai une laine polaire noire autour de mon corps... chaud ?

- ...

- ...Ben quoi ?

- Non. Rien

lundi 5 octobre 2009

PROVOCATION

Et en plus, ils marchent dans MA rue :

Lui, exactement le genre d’homme dont je me dis : il pourrait totalement être l’homme de ma vie.

Elle, une ligne parfaite, une démarche élégante, une silhouette de jeune fille.

Impossible de deviner qu’elle a eu trois gosses.

Ils marchent dans la rue avec leurs trois mouflets : une grande fille et deux tout petits.

Lui en porte un sur ses épaules, elle un autre, et la dernière, la grande, marche derrière docile et calme, le pas d’une enfant bien élevée.

Et ils rient ! Ils rient, ils rient, ils rient ! Tous.

Ca a l’air génial tout d’un coup de marcher dans la rue ! Ca a l’air super drôle même, je me demande pourquoi ça me fait pas rire, moi ?

Lui ouvre la porte super jolie d’un super immeuble, se tourne toutes ses jolies dents dehors pour sourire à sa jolie femme qui porte leur joli enfant parce qu’il l’aime sa jolie femme, et ils s’engouffrent tous les quatre dans la jolie cour en tenant la jolie porte à leur jolie et élancée fille, leur petite dernière, qui les suit.

La porte se ferme dans un joli bruit.

….

Je crois que je les déteste