mercredi 15 octobre 2008

Numéro inconnu

Je sommeillais, seule sur mon précieux canapé, rêvassant à mon habitude, quand mon téléphone m’arrache à mon indolence.

Je me lève, approche l’appareil agressif, regarde qui m’appelle. « Numéro inconnu ». Je décroche, offrant un merveilleux halo vocal endormi aux oreilles heureuses de mon interlocuteur qui raccroche aussi sec.

« Numéro inconnu » m’a raccroché au nez.

Vous vous rendez compte? Tout ce que cela pourrait dire ? « Numéro inconnu ». On ne sait pas. Pas identifié. Mystérieux. Qu’on ne connaît pas. Qu’on ne reconnaît pas. Caché. Inconnu, quoi. Vous réalisez toutes les infinies possibilités ? Inconnu. Un inconnu. Qui raccroche. Qui me raccroche au nez. Mais pourquoi enfin ? Pourquoi ?

Et là, mon cœur et mes pensées s’agitent beaucoup trop ! Je me demande, m’interroge, m’introspectionne. Quid ? Et mille réponses infiniment plaisantes -ou pas- se proposent à moi.


Cela pourrait être ma voisine, la folle, la désagréable, celle qui a des tocs, espérant m’insulter copieusement sur mon répondeur. Mais, face à ma voix qui se demande, elle raccroche lâchement.

Ou bien, bien plus enivrante pensée, cela pourrait être l’amoureux pourquoi pas. Le transi. L’attendu. L’invisible. Le tenace. Celui la oui. Le vrai. Celui qui sent bon, qui est tendre, drôle et qui est pour moi.

Ou pas.

Peut-être un ancien ? Oui, voilà. Un ancien. Un périmé. Un as been. Le out du in. Le vieux chiffon de sentiments. De sentiments pas vraiment partagés. Celui qui n’a pas l’élégance d’oublier. Qui s’accroche aux lambeaux. Qui s’acharne, teigneux, lamentable, stupide, ridicule.

Non, y en a plus des comme ça.

Non, plutôt celui qu’on appelle « l’ex ». Le redoutable « ex ». Celui qui vous rend nostalgique, cafardeux, médiocrement jaloux. Celui qui en deux trois mots d’une perfidie discrète vous ravage trois longues années de tranquillité d’esprit. Celui qui a encore, malgré la colère chaude, puis froide, puis oubliée, un satané pouvoir totalement incompréhensible et irréversible sur votre personne. Celui la là. Le terrible. J’en frissonne jusqu’à ce que mon cerveau engourdi se réveille et me rappelle gentiment que je n’en sais rien.

Alors, seule face à mon téléphone je guette avidement une autre sonnerie.

Je guette.

Oui, là encore, je guette.

Je guette toujours.

Oui oui, … toujours guette.

Rien.

Ben non, j’attends plus.

Oui, j’ai compris, j’ suis conne !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ayé, je suis grillé...