lundi 2 février 2009

Pièce montée et autres crustacés

Le mariage est une chose éminemment mystérieuse pour moi.

Quand j’apprends que deux amis signent pour une pièce montée deux personnes, me reste toujours une part d’incompréhension.

Je me rappelle de mes cours de physique chimie, durant lesquels aussi mal assurée que déconcentrée, je mélangeais des substances aux noms étranges, en attendant vaguement une réaction conforme à ce que mon professeur strict et au sens des l’humour aussi développé que la finesse chez Jean Marie Bigard attendait.

Et parfois, miracle, après mille dosages savants, mille petits ajustements, et mille prières au dieu des cancres, une digne divinité athée et alcoolique qui m’aimait bien à l’époque, la réaction dangereuse tant attendue faisait son apparition.

Et hop, j’apprenais que je venais de fabriquer de la soude, comme ça, avec une pincée de chance, comme le gai terroriste tente des mélange en espérant ne pas sauter dans les deux secondes de la fin de la fabrication de sa recette artisanale, je m’en tirais vaille que vaille. Et j’obtenais le même résultat que les sérieux, les doués, les instinctifs de la science, ceux qui avaient étudié scrupuleusement formules et halogènes, CO2 et hypoténuses. Le même résultat !

Mais en ayant pas cru une seconde à la réussite de mon entreprise.

Et bien, quand deux amis m’annoncent qu’ils s’aiment tellement qu’ils décident d’y aller, d’affronter prêtre, rabbin, imam, tantes qui piquent et vieux cousins polytechniciens, j’ai ce même sentiment. J’adore, je jubile, je pleurniche, j’admire. Mais je n’y comprends rien.

Je me dis que la formule du mariage est bien trop compliquée et hasardeuse pour moi. Que rien que les préparatifs, les décisions et les choix dépassent mon pauvre cerveau adulescent.

Et je me dis que pourtant ça va bien m’arriver un jour. Je pense qu’à ce moment là, à force de me concentrer sur les dosages et surdosages, la couleur du mélange, et comment s’y prennent les autres bien meilleurs élèves que moi, la dernière étape arrivera comme une surprise. Tiens, j’ai réussi, cool !

Et un jour, un homme en blouse blanche me dira : et hop, voilà un petit galopin. T’as pas fait exprès, t’étais dispersée, mais tu nous l’as bien fabriqué, on ne sait pas comment, mais il est parfait !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Petit galopin deviendra grand. Il sera un homme heureux, dès lors que sa maman lui aura inculqué, un jour, le réflexe de ne jamais - oh jamais - s'approcher et manipuler de tubes à essai.